• Accompagnement de lecture cursive : Louise Labé, Sonnets

     

    Je remercie ma collègue Joëlle Garand, enseignante en Lettres Modernes, qui m’a fourni plusieurs pistes et documents de sa composition pour ces séances sur Les Sonnets de Louise Labé. Certains points concernant la vie et l'oeuvre de Louise Labé ont été trouvés sur d'autres blogs pédagogiques et/ou littéraires.

     

    Louise Labé : vie et oeuvre

     

     

    I-Louise Labé ou le mystère de la Belle Cordière

      

                                               

     Accompagnement de lecture cursive : Louise Labé, Sonnets 

    Portrait de Louise Labé par Pierre Woeiriot, 1555.

     

    Le graveur a mis en valeur l’élégance de cette qu’on a surnommée « la Belle Cordière », et nous apprend que Louise Labé est une poétesse originaire de Lyon avec cet encart sur lequel il est écrit « Loise Labbé, Lionnoise »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Qui est vraiment Louise Labé ? Une prostituée bien connue dans les milieux de l’imprimerie Lyonnaise au milieu de XVI eme siècle ? Une bourgeoise ? Une pure invention d’un cercle de poètes ?

    Le mystère, quoique les recherches littéraires s’accordent à dire qu’elle a réellement existé, demeure encore aujourd’ hui.

    En 1555 paraissent les Euvres de Louïze Labé Lionnoize, qui regroupent un « Débat de Folie et d’Amour » en prose, trois élégies, des sonnets, et des écrits de divers poètes en hommage à celle que l’on suppose être l’auteur, Louise Labé, accompagnés de cet énigmatique portrait.

    La mystérieuse poétesse serait née aux alentours de 1524 à Lyon et décédée en 1566 à Parcieux-en-Dombes. Son père, Pierre Charly, qui se fera ensuite appeler Pierre Labé, est cordier, ainsi que son mari, ce qui lui vaudra le surnom de « Belle cordière ».

    Mais Louise Labé ne se contente pas d’une vie de « fille » ou « femme de ».

    Issue d’un milieu aisé, elle a pu bénéficier d’une éducation humaniste qui a nourri sa curiosité intellectuelle et favorisé son émancipation culturelle. Ainsi dans sa Dédicace à Clémence de Bourges, elle revendique le droit des femmes à la création littéraire.

     Est-ce la jalousie, l’incompréhension de son entourage et des milieux littéraires quant à son choix d’être indépendante qui ont donné naissance à ces rumeurs sur son compte ? Qui ont contribué à brouiller les pistes sur son identité ? Il est possible que Louise Labé ait été une courtisane ; cela n’aurait rien enlevé à son ouverture d’esprit, son intelligence et son talent littéraire, mais au XVI eme siècle, ce statut la discréditait socialement. Est-elle cette même prostituée impliquée dans une sombre affaire d’empoisonnement ?

     Nous restent aujourd’hui d’elle, entre autres, ces vingt-quatre sonnets. Au fond, peu importe quels étaient son nom, son statut, ses choix de vie ; nous reste ce  l'expression de l' amour, des souffrances, de la passion d'une femme, sublimés  par la poésie.

     

     II-Les Sonnets

     

    • La forme du sonnet

    Le mot « sonnet » est un mot issu de l’ancien Français provençal et de l’Italien qui signifie « petite  chanson ». C’est un poème de forme fixe, composé de quatorze vers, deux quatrains (strophes de quatre vers ), et deux tercets (strophes de trois vers). Le schéma de rimes a évolué au cours du temps. Le passage du dernier quatrain au premier tercet est appelé la volte, mot qui signifie « tournant » ; c’est le moment où le poète va introduire un deuxième thème, une opposition ; où il va peut-être brusquement changer de ton. Le dernier vers du sonnet est appelé la pointe ; il s’agit souvent d’une chute, d’une révélation pour le lecteur.

    • Observez ce schéma sur le sonnet de votre choix.

     

    • L’influence de la poésie antique...

      en particulier greco-latine, est très sensible dans les sonnets de Louise Labé. Ainsi, on trouve en premier lieu des références à Vénus, déesse de l’amour, Diane, déesse de la chasse, mais aussi aux Nymphes, créatures mythologiques, ou encore au « temple », lieu où l’on venait déposer des offrandes aux Dieux. Louise Labé a baigné dans la culture humaniste, qui, au XVI eme siècle, met les arts et la philosophie antiques à l’honneur. Elle connaissait très probablement le grec, le latin et avait des notions d’histoire et de mythologie antique. Mais ces références greco-latines permettent surtout à Louise Labé d’inscrire son œuvre dans la lignée des plus grands, des poètes Ovide, Virgile, Catulle, Properce, et de l’élégie latine, cette forme poétique chantée dans laquelle, souvent, le poète va exprimer son amour malheureux pour l’être aimé. Ces références confèrent également une dimension universelle à sa poésie ; Labé exprime des sentiments personnels, à travers le je, mais ne fait aucune mention de lieux, dates, personnes réelles ; elle préfère convoquer Vénus et Diane, montrant ainsi que la peine d’amour est, depuis toujours, l’une des plus personnelles mais aussi l’une des plus partagées du monde…

     

    • La poésie pétrarquisante

       

      Louise Labé a été très inspirée par Pétrarque, poète italien du Moyen-Age. Dans ses Chansons, Pétrarque célèbre son amour absolu pour Laure, dont la mort prématurée va le bouleverser. Le style de Pétrarque est caractérisé par les métaphores et les comparaisons précieuses, c’est-à-dire recherchées, ainsi que les antithèses. Le style de Pétrarque est également caractérisé par les personnifications : le « Soleil », « Ciel », « Amour »… et le champ lexical du feu, de la mer, de la nature et ses changements en général, pour évoquer le tumulte des sentiments.
    • La fin amor

    La fin amor, ou amour courtois, s’illustre dans la poésie ou les romans médiévaux comme Tristan et Yseult. Il s’agit d’une célébration de l’amour d’après des valeurs chevaleresques ; fidélité, respect, noblesse et pureté des sentiments. L’être aimé est idéalisé, la dame placée sur un piédestal ; l’amant lui voue une adoration quasi religieuse. Cette influence est perceptible dans la poésie de Louise Labé, dans l’ardeur des sentiments qu’elle exprime et son adoration pour l’être cher. Par ailleurs, certains poèmes comme « Luth, compagnon de ma calamité », rappellent cette poésie médiévale chantée, celle des ménestrels et des troubadours qui s’accompagnaient de leur instrument, (luth, harpe, lyre, guitare ), pour exprimer leurs vers.

     

    • Observer l’influence de la culture gréco-latine, de Pétrarque et/ou de la fin amor dans un poème de votre choix.

     

     Si l’histoire et la personnalité de Louise Labé nous demeurent mystérieuses aujourd’hui, ses Sonnets, dans lesquels elle met en lumière le lien universel et inextricable entre amour et douleur, sont la trace la plus précieuse de son existence.

     L’influence de la poésie antique, de Pétrarque et de la fin amor montrent la richesse de sa culture littéraire et humaniste, à laquelle s’ajoute son style unique, une certaine façon de dire l’amour, la peine, avec une sincérité qui sublime le vers.

      

     Propositions d’excercices :

     

     Oral :

     

    • Lecture à haute voix d’un sonnet ;

      - en classe ou enregistrée.

      - individuelle ou à plusieurs : lecture du poème par deux élèves en alternance, ensemble, en canon, en crescendo… Toutes ces modalités de lecture ont été testées en cours avec un certain succès.

     

    • Récitation d’un sonnet ;

      - en classe ou enregistrée.

      - individuelle ou à plusieurs : récitation du poème par deux élèves en alternance, ensemble, en canon, en crescendo… ( encore non testé pour ma part mais je l’envisage).

     

    • En lien avec le théâtre : travail de mise en scène autour d’un sonnet/ scénarisation, qui peut s’envisager en groupe (non testé également mais envisagé).

     

     Ecrit :

     

    • Entraînement à la dissertation sur œuvre :

      - sujet travaillé avec mes classes : en quoi Louise Labé est-elle la poétesse de la passion ?

      - autre sujet envisage : Les Sonnets de Louise Labé, je ou jeu ?

     

    • Ecrit d’appropriation

    - sujet donné à une classe : Imaginez une lettre de Louise Labé à Joachim Du Bellay, dans laquelle elle explique comment elle transforme une expérience personnelle en œuvre poétique (variante du sujet « Les Sonnets de Louise Labé, je ou jeu ? » en version sujet d’invention).

     

     Ouverture sur les autres arts :

     

    • Musique (en lien avec l’enseignant(e) concerné(e)-professeur(e) de musique) : possibilité de faire aux élèves un cours préalable sur les liens entre poésie et chanson, particulièrement pertinent quand il s’agit d’aborder l’oeuvre de Louise Labé, qui s’inspire des poètes greco-latins. On peut proposer aux élèves de mettre un sonnet en musique.

       

    • Arts plastiques (en lien avec l’enseignant(e) concerné(s) -professeur(e)s d’arts plastiques, d’histoire ) : possibilité de faire aux élèves un cours d’histoire des arts préalable, sur la peinture à la renaissance, le mouvement baroque. Composer un dessin, tableau, collage… à partir un sonnet de Louise Labé ; une attention particulière peut être portée sur les images du sonnet (comparaisons, métaphores, personnifications…)

     

    • Théâtre : travail de mise en scène en lien avec un(e) professeur(e) de théâtre, un(e) comédien(ne)...

     

     

     

     


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